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Ils sont là tous les deux, serrés l’un contre l’autre, devant le téléphone qui sert à l’appel vidéo : Justine Bève, 27 ans, et son père, Luc, 62 ans, qui est aussi son assistant de presque chaque instant pendant les compétitions. La veille, mercredi 4 septembre, l’athlète a terminé sixième de la finale, des Jeux paralympiques, de l’épreuve de tir à la carabine à 50 m position couchée SH2 – destinée aux tireurs ayant une limitation de mouvement des bras, du tronc et des jambes, ou uniquement des bras – dans les locaux du Centre national de tir sportif à Châteauroux.
Le même jour, lors des matchs de qualification, l’athlète avait décroché la première place, seule femme à se hisser en finale. « Comme toujours ! », lance gaiement son père, avant d’ajouter, avec son petit accent ch’ti : « C’est la championne du monde des matchs. Elle les bat tous, tous, tous. » Justine Bève sourit, habituée à la fierté de son père et à cet attelage hors du commun, qu’elle décrit comme un véritable « binôme ».
Un tandem cimenté par le goût de la discipline et par l’envie de gagner, certes, mais pas seulement. Car une chose saute aux yeux : l’amour, la confiance et la complicité qui unissent ce père à sa fille, atteinte d’une maladie génétique, sont un ciment mille fois plus puissant que le simple esprit de compétition. Leur histoire sportive a commencé lorsque Justine Bève avait 15 ans, à Arcques, dans le Pas-de-Calais, dont elle est originaire. « Je voulais trouver une activité extrascolaire et j’avais envie d’essayer le para foot, mais c’était trop loin de chez nous, raconte la jeune femme, condamnée au fauteuil roulant par une faiblesse musculaire, qui ne lui permet pas de soulever une simple bouteille d’eau. Le club de tir, en revanche, n’était qu’à 300 mètres de la maison et comptait déjà des adhérents en situation de handicap. »
Pour la tireuse, il s’agit d’un univers familier, puisque la famille compte des chasseurs. Dès le début, c’est Luc Bève qui accompagne sa fille. Lui, qui porte les sacs, déballe leur contenu, installe le fauteuil, charge les armes, fixe la table de tir, place l’arme sur l’épaule de sa fille. Lui, enfin qui achète le matériel, lorsque l’adolescente commence à briller, sautant d’une catégorie à l’autre et remportant tous les titres, au 10 m et au 50 m. Les carabines de compétition, pourtant, sont chères. « A l’heure actuelle, c’est environ 4 500 euros pour celle du 10 m et 6 000 euros pour le 50 m, explique-t-il. Mais je me suis débrouillé. »
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